The United Nations Office for Project Services (UNOPS)
Améliorer l’accès aux données et autonomiser les communautés urbaines
L’urbanisation présente à la fois des possibilités et des défis. En dotant les gouvernements locaux de compétences, d’outils et de financements adéquats, le Népal montre comment les villes peuvent se développer de manière inclusive – une leçon pertinente bien au-delà de ses frontières.
Le monde est déjà principalement urbain, avec près de 60 pour cent de la population mondiale vivant dans des villes, et l’urbanisation s’accélère. Au cours des cinq prochaines années, près de 400 millions de personnes supplémentaires naîtront ou s’installeront dans des villes.
Les villes se développent rapidement et façonnent l’avenir social, économique et environnemental des pays.
Toutefois, de nombreuses administrations locales manquent souvent de données, d’outils et de ressources pour planifier efficacement ce développement. Les informations sur la situation démographique, les infrastructures, les risques climatiques et les conditions socioéconomiques sont souvent incomplètes. Sans informations complètes, les autorités ont de la difficulté à concevoir des solutions durables pour les populations croissantes.
Une gouvernance urbaine forte va au-delà de la construction de routes et de marchés. Elle requiert des cadres de planification, des systèmes financiers, une mobilisation communautaire ainsi que des stratégies d’entretien à long terme.
Le manque de données freine l’expansion des villes
En Asie du Sud, la population urbaine a augmenté de 130 millions de personnes dans la dernière décennie. Dans 20 ans, la majorité de la population de cette région habitera dans des zones urbaines.
Ce changement reflète une croissance et une prospérité accrues. Le Népal, par exemple, devrait cesser de figurer dans la catégorie des pays les moins avancés l’année prochaine. Les habitantes et habitants de même que les entreprises du pays s’installent dans les villes afin d’accéder à des services de base dont ils ne disposent parfois pas dans les villages, comme l’éducation, les soins de santé, l’électricité et la connectivité Internet. Cela stimule dans un même temps la productivité des villes.
Le développement urbain rapide pose toutefois aussi d’importants défis. En même temps que les villes attirent davantage de personnes et d’entreprises, les administrations locales ont souvent du mal à répondre aux besoins croissants.
À Dhanghadi, Sunwal et Tansen, par exemple, les femmes entrepreneures connaissent de première main les conséquences de ces difficultés. Lors d’un marché hebdomadaire, des commerçantes ont expliqué comment des infrastructures de mauvaise qualité avaient longtemps limité leur capacité à développer leurs activités. Mais après que le marché a été repensé en collaboration avec un large éventail de parties prenantes afin de le rendre plus inclusif et convivial, il a commencé à attirer une plus grande clientèle. Les commerçantes ont ainsi augmenté leurs revenus, mais elles ont aussi gagné en confiance pour développer leurs entreprises.
Considérons maintenant le Népal dans son ensemble, où de nombreuses administrations locales manquent encore souvent de données fiables. Ces lacunes limitent la capacité des autorités à planifier, concevoir, financer, construire et entretenir des infrastructures urbaines essentielles, allant de systèmes de drainage à des espaces publics.
Pour combler ces lacunes, le projet « Cities 4 Women », qui vise à faciliter un développement urbain inclusif et résilient face aux changements climatiques au Népal, soutient huit administrations locales en les dotant des compétences et des systèmes dont elles ont besoin pour assurer une croissance démographique durable et inclusive. Ce projet est financé par l’Union européenne et le gouvernement de la Finlande, dirigé par le ministère népalais du Développement urbain et mis en œuvre par l’UNOPS, ONU-Habitat et Cities Alliance.
Renforcer les capacités locales
Les responsables des administrations locales ont reçu des formations pratiques sur la planification inclusive, soucieuse de l’égalité entre les genres et résiliente face aux changements climatiques, afin de les encourager à donner la priorité aux besoins des femmes, des jeunes, des enfants, des personnes âgées, des personnes handicapées ainsi que d’autres groupes vulnérables dans le cadre de la planification de la croissance des villes. Le projet a également aidé les autorités à renforcer les mesures de protection contre l’exploitation, les atteintes et le harcèlement sexuels, en plus de fournir des formations sur les normes de santé, de sûreté, de sécurité et de protection de l’environnement.
Afin d’améliorer l’efficacité de la planification, le projet a en outre facilité l’intégration d’urbanistes au sein des bureaux des administrations locales. Ces spécialistes ont aidé les fonctionnaires à adopter des approches participatives de la planification et de la conception d’infrastructures urbaines. Les administrations locales ont également obtenu accès à des outils de planification basés sur des systèmes d’information géographique, notamment l’application TagMe, ainsi qu’à des directives pratiques et des manuels pour soutenir la prise de décisions éclairées.
Les responsables des autorités locales ont affirmé que cette approche a changé leurs perspectives. Dans le passé, la participation communautaire était souvent perçue comme un objectif abstrait. Ce projet leur a permis de comprendre comment une participation communautaire active pouvait contribuer à repenser les espaces publics, qu’il s’agisse des marchés, des aires de jeux, des terrains de sport, des parcs ou des rues, afin de mieux refléter les besoins des résidentes et résidents.
Ce qui était perçu autrefois comme une étape procédurale était devenu un véritable moteur de changement.
Étant donné que les compétences à elles seules ne suffisent pas, le projet a aidé les administrations locales à accéder à des subventions nationales, à des fonds internationaux et à des partenariats public-privé par l’entremise d’un mécanisme de cofinancement. L’apprentissage entre pairs a également été encouragé, de même que des échanges qui ont permis aux gouvernements locaux de partager des enseignements, des défis et des approches novatrices, tant au niveau national qu’international.
La prochaine génération de villes
Les effets d’une planification inclusive sont également visibles au niveau des quartiers. À Sunwal, par exemple, un homme handicapé a expliqué comment l’urbanisme avait trop souvent négligé les besoins de gens comme lui. Au lieu de se concentrer uniquement sur des rampes d’accès, il a travaillé avec des spécialistes en planification et conception urbaines à l’élaboration de solutions répondant à des besoins multiples, notamment des toilettes accessibles, des chemins et voies d’accès adaptés, une signalisation claire et des bancs placés à de bons endroits. En assurant la participation active de personnes handicapées dans chaque municipalité, le projet a contribué à ce que les espaces publics deviennent vraiment accueillants, démontrant par le fait même le pouvoir de l’expérience vécue pour inspirer une conception plus inclusive.
Le renforcement des capacités des administrations locales n’est pas une activité ponctuelle. Il s’agit d’un investissement continu dans les compétences, les systèmes et la gouvernance. Les villes népalaises continuent de croître, et il est donc essentiel de donner aux autorités les moyens de mettre en place des infrastructures urbaines inclusives, résilientes et bien entretenues afin d’atteindre les objectifs de développement du pays.
L’urbanisation n’est pas seulement la réalité du Népal. C’est l’un des défis déterminants de notre époque. Alors que les villes du monde entier doivent composer avec la croissance démographique, les risques climatiques et des besoins grandissants, l’expérience du Népal nous rappelle avec force que l’avenir des villes sera écrit localement, mais que leur influence se fera sentir à l’échelle mondiale.
En dotant les administrations locales des compétences, des ressources et des outils adéquats – comblant ainsi les lacunes en matière de données, renforçant les systèmes et favorisant la participation communautaire – le développement urbain peut devenir un catalyseur de résilience, d’équité et de possibilités.
Investir dans une gouvernance inclusive et respectueuse de l’environnement est un modèle à suivre pour les pays du monde entier qui cherchent à transformer les défis de l’urbanisation en opportunités pour des villes plus justes, plus fortes et plus durables.
Barsha Shrestha et Ilija Gubić
Barsha Shrestha, architecte et urbaniste à l’UNOPS, poursuit un doctorat en urbanisme. Elle possède 10 ans d’expérience dans les domaines de la durabilité, de la résilience, de l’efficacité énergétique et de la planification à la suite de catastrophes, et elle a reçu plusieurs prix nationaux et internationaux.
Ilija Gubić est architecte et urbaniste. Il possède 15 ans d’expérience au sein des Nations Unies. Il dirige des projets portant sur l’urbanisation durable, le relèvement à la suite de catastrophes et les espaces publics, de même que le projet « Cities 4 Women » au Népal pour l’UNOPS.