The United Nations Office for Project Services (UNOPS)

Opinion

La transparence des dépenses publiques, condition nécessaire à l’éradication de la corruption

Compte tenu de la pression énorme exercée sur les ressources publiques par la lutte contre la COVID-19 et le relèvement à la suite de la pandémie, il est urgent de redoubler d’efforts pour mettre un terme à la corruption dans les achats publics.

Imaginez que vous êtes une jeune personne douée et que vous nourrissez de grands espoirs pour l’avenir. Vous désirez faire des études supérieures, mais vos rêves s’écroulent car pour intégrer l’université, il vous faudrait l’appui de personnes influentes ou verser d’énormes pots-de-vin. Sans les bonnes relations, vous avez également de la difficulté à trouver un emploi. Vous décidez donc de créer votre propre entreprise, mais vous comprenez rapidement que ce projet relève de l’impossible si vous ne soudoyez pas les autorités compétentes. Puis, lorsque votre mère, qui est malade, doit se faire hospitaliser, la personne responsable refuse de l’admettre à l’hôpital… à moins que vous ne lui graissiez la patte. 

La corruption dégrade la qualité de vie et les moyens de subsistance des communautés. Elle détruit la confiance en l’autre, en particulier celle des populations en leur gouvernement. Elle accroît les inégalités et la pauvreté. Elle décourage les investissements, entrave la croissance économique et compromet le développement durable. De récentes études ont en outre montré comment la corruption a sapé les efforts de lutte contre la pandémie de la COVID-19

L’avenir des dépenses publiques

Le rôle déterminant des achats dans la réalisation des Objectifs de développement durable (en anglais)

Publié par The Economist Intelligence Unit avec le soutien de l'UNOPS

Les communautés démunies et vulnérables sont touchées de manière disproportionnée par la corruption, mais personne n’est à l’abri de ses conséquences. Si nous souhaitons bâtir un avenir meilleur pour les populations et la planète, il est essentiel de lutter ensemble contre ce fléau. » 

Les dépenses publiques représentent entre 15 et 30 pour cent du PIB de la plupart des pays. C’est pourquoi la lutte contre la corruption doit passer par la transparence des achats publics. Selon certaines estimations, près de 13 000 milliards de dollars sont dépensés en contrats publics chaque année dans le monde. Les dépenses des gouvernements sont donc un levier important pour créer des emplois, favoriser l’égalité entre les genres et réduire les émissions de carbone.

Prenons un exemple. La ville d’Oslo, qui consacre chaque année environ 1 milliard d’euros à des projets de construction, a fait le choix de méthodes plus propres en privilégiant des chantiers de construction sans combustibles fossiles et en collaborant avec des entreprises privées pour mettre au point des matériaux et des machines à zéro émission de carbone. Grâce aux achats, la ville a ainsi élaboré des normes de réduction des émissions. Elle a également établi un budget pour soutenir l’action climatique, qui lui sert d’outil de gouvernance pour attribuer les différentes responsabilités, consigner les mesures d’atténuation adoptées et assurer le suivi de la réalisation des objectifs.

Des achats publics efficaces peuvent être source de résilience, faciliter l’accès à des biens essentiels, stimuler les économies locales, encourager l’innovation ainsi que promouvoir la durabilité sociale et environnementale. En somme, l’adoption de pratiques d’achats responsables est essentielle pour accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable.

Cependant, la corruption limite fortement ce potentiel. Des chiffres attestent de ses effets désastreux sur la croissance économique et le développement durable. Selon une récente étude, 1000 milliards de dollars sont versés en pots-de-vin chaque année.

Fort heureusement, d’un bout à l’autre de la planète, la lutte contre la corruption figure de plus en plus haut dans la liste des priorités des gouvernements. Le président des États-Unis, Joe Biden, a fait de ce combat un enjeu majeur de sécurité nationale. Un peu plus tôt cette année, l’Assemblée générale des Nations Unies a tenu une séance spéciale sur la corruption pour appeler au renforcement de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des finances publiques. Le G7 a quant à lui souligné en juin 2021 la nécessité d’enrayer la corruption, notamment en soutenant le renforcement de la transparence des achats publics, tandis que le G20 a adopté un plan de lutte contre la corruption.

Il est plus qu’urgent de redoubler d’efforts pour mettre un terme à la corruption. En ma qualité de Directrice exécutive de l’UNOPS, l’entité des Nations Unies spécialisée dans les domaines des infrastructures et des achats, je sais d’expérience que les dépenses publiques peuvent être un important moteur de changement, que de plus en plus de pays sont prêts à faire valoir. » 

De l’Argentine au Mexique en passant par le Honduras et le Guatemala, l’UNOPS aide les pays à assurer une gestion plus responsable de leurs fonds publics afin de mieux servir les populations et de répondre à leurs besoins nationaux, tout en favorisant la transition vers une économie verte et en garantissant un bon rapport qualité-prix.

Les gouvernements peuvent faire plus (et beaucoup le font déjà) pour prévenir la corruption et mettre en place des systèmes d’achats publics qui sont davantage au service de la population. Ils peuvent par exemple promouvoir des processus plus transparents et accessibles, réformer les institutions pour les rendre plus responsables, renforcer les capacités de la fonction publique, encourager la participation de toutes les parties prenantes ou encore tirer parti des nouvelles technologies.

Une gestion plus inclusive des achats publics est indispensable. Il faut rapprocher les populations, les entreprises et les gouvernements afin que les infractions soient signalées et que chaque étape du cycle des achats passe par des plateformes ouvertes et transparentes. Il existe aux quatre coins du monde des exemples de gestion plus participative et responsable des achats, mais ces efforts sont loin d’être suffisants pour mettre un terme à l’épidémie mondiale de corruption.

Il reste encore un long chemin cahoteux à parcourir dans notre combat commun contre la corruption. La confiance dans la classe politique se fait rare, tandis que les efforts engagés par les pays pour se remettre de la pandémie ont drainé les ressources publiques. La gestion responsable des dépenses publiques est une étape importante non seulement pour lutter contre la corruption, mais aussi pour bâtir un avenir plus durable et plus inclusif.


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