The United Nations Office for Project Services (UNOPS)

Faut-il compter les bâtiments effondrés ?

Presque chaque semaine, de nouveaux articles paraissent au sujet de dommages matériels et de pertes en vies humaines causés par des cyclones, des séismes et des inondations. Mais quelles leçons tirons-nous de ces événements ?

Comprendre les effets des phénomènes météorologiques extrêmes ou des catastrophes naturelles est loin d’être simple.

Presque chaque semaine, de nouveaux articles paraissent au sujet de dommages matériels et de pertes en vies humaines causés par des cyclones, des séismes et des inondations. Mais quelles leçons tirons-nous de ces événements ? 

Souvent, les dégâts sont uniquement mesurés en pertes financières ou en nombre de personnes tuées, blessées ou sans logement. Si le but est de comparer la gravité de diverses catastrophes mondiales, ces mesures peuvent être utiles, mais en définitive, tous ces chiffres ne font que confirmer notre incapacité à mettre en place des environnements sûrs et sains permettant de protéger les individus et la société. 

Promouvoir la résilience en adaptant la conception aux risques

Améliorer davantage d’infrastructures pour les rendre résilientes, comme cette école antisismique en Indonésie, est essentiel pour protéger la vie des enfants et des professeurs, et maintenir les services d’éducation. ​​© UNOPS/Benjamin Dixie

Le cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et les Objectifs de développement durable établissent clairement la nécessité pour les gouvernements d’investir dans la résilience. L’objectif ultime est d’assurer la protection du développement, des individus et de leurs moyens de subsistance contre les effets des phénomènes météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles.

Il est essentiel de reconnaître que le développement et les actions humanitaires sont intrinsèquement liés pour atteindre la résilience. Tous les projets de développement comprennent des risques. Planifiés et conçus correctement, ils peuvent renforcer la résilience et réduire les besoins humanitaires. S’ils ne sont pas planifiés ou pas conformes, ils peuvent augmenter les risques, dissiper des ressources essentielles ou engendrer davantage de pertes en vies humaines.

Par conséquent, les processus de planification et de conception doivent prendre en compte la totalité des risques liés à l’environnement, y compris les variations climatiques, et permettre de comprendre clairement les conséquences possibles de l’absence de mesures liées à la résilience. En d’autres termes, nous devons, de manière proactive et dès l’étape de la conception, faire tout notre possible pour renforcer la résilience en réduisant au minimum les risques de catastrophe au moment où les infrastructures seront soumises à des contraintes environnementales. Ainsi, en comprenant ce qu’il peut arriver dans certaines conditions, nous pouvons mieux protéger les bénéfices en matière de développement et préparer l’avenir.

Le Bangladesh, dans une certaine mesure, montre l’exemple en la matière.

Au cours des dix dernières années, des évaluations des risques de séismes ont été réalisées dans plusieurs villes, dont Dacca, la capitale. Les résultats sont effrayants : plus de 325 000 bâtiments situés à Dacca s’effondreraient si un séisme de magnitude 7,5 ou plus survenait.

En identifiant les bâtiments vulnérables et les conséquences possibles de l’absence de mesures pour pallier leurs faiblesses, des mesures rétrospectives de résilience pourraient être introduites pour renforcer les constructions. Autrement, il serait possible de démolir certaines structures hautement vulnérables et de reloger leurs habitants. Comprendre les conséquences permet de planifier les actions humanitaires de manière plus réaliste, bien qu’il soit préférable de réduire les risques préalablement en construisant des bâtiments conformes aux normes de sécurité. 

Tirer des leçons des épreuves

Pendant des décennies, la pratique en vigueur en matière d’évaluation des dommages a été de compter les pertes et de mesurer les coûts financiers de reconstruction. L’approche efficace qui consiste à « reconstruire en mieux » a souvent été remplacée par le fait d’ajouter une marge de 10 à 15pour cent à ces coûts. Cette solution est-elle meilleure ? 

Qu’arriverait-il si l’industrie de l’aviation se contentait de compter les accidents sans chercher à en comprendre les raisons ? Nous n’accepterions pas cette approche, et nos exigences devraient être les mêmes concernant les dégâts causés par des catastrophes naturelles. »

Il est difficile de tirer des leçons des épreuves, car cela donne souvent lieu à des conflits entre des contraintes de temps et des sensibilités politiques. Il s’agit au départ de mieux reconstruire, mais en definitive l'approche se résume souvant à reconstruire au plus vite. Si nous ne comprenons pas pourquoi les bâtiments et les systèmes s’effondrent à la suite d'événements de grande ampleur, nous continuerons de reproduire les mêmes erreurs. Qu’arriverait-il si l’industrie de l’aviation se contentait de compter les accidents sans chercher à en comprendre les raisons ? Nous n’accepterions pas cette approche, et nos exigences devraient être les mêmes concernant les dégâts causés par des catastrophes naturelles.

Les causes sous-jacentes de ces dégâts ne sont pas toujours évidentes, c’est pourquoi il convient de les examiner davantage. Dans ce but, l’UNOPS met en place une méthodologie d’évaluation des infrastructures. Cette dernière va permettre d’aider les gouvernements à renforcer la résilience de plusieurs façons, y compris en tirant des leçons des épreuves.

Pour résumer, il est illogique de se limiter à compter les bâtiments endommagés lorsqu’il s’agit de préserver les bénéfices du développement. Cependant, notre engagement à réaliser des infrastructures résilientes et à influencer le travail des autres peut faire en sorte que le nombre de bâtiments endommagés à recenser soit moins élevé. 


À lire également